Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

io

attirer l'attention sur un élément dont on n’a pas jusqu'ici, semble-t-il, assez apprécié l'importance".

Il nous est impossible de dire laquelle de ces quatre influences, Garve, Humboldt, Burke ou Necker, fut prépondérante. Dans tous les cas, 11 est fort probable que mème leur réunion aurait été impuissante à amener un revirement dans les idées politiques du jeune Gentz sans le commentaire vivant que lui fournissaient sans cesse les événements de Paris. Et par là, nous entendons moins le retour de Varennes et les émeutes populaires, que l'échec complet de la fameuse constitution de 1791: Le jour où il vit l'Assemblée législative impuissante, dominée par la Commune, Gentz dut se souvenir à la fois des craintes de l’empiriste Garve, du scepti-

1. Une des choses qui paraît avoir fait le plus d'impression sur Gentz, c’est l'accord de Calonne et de Necker. (Voir Ausgewählte Schriften. Ed. Weick. I, note de la p. 804.) La critique de Calonne porte principalement sur l’affaiblissement du pouvoir exécutif. Dans la conclusion de son livre: De l'étai de la France présent et à venir, il dit que les décrets les plus nuisibles de l'Assemblée constituante sont : «Celui qui réduisant le Roi à une sanction illusoire le prive de tout concours à l’exercice du pouvoir législatif; celui qui le dépouille du droit de faire la guerre et la paix, et par conséquent de l’attribut principal du pouvoir exécutif; celui qui lui ôtant toute influence sur le choix des juges ne lui laisse aucun moyen de surveiller les fonctions du pouvoir judiciaire.» Voir à ce propos la critique de la constitution de lan III par Gentz (Neue deutsche Monatsschrift, octobre 1795). Gentz y apercoit encore une séparation des pouvoirs exagérée, ne permettant pas assez l'unité du gouvernement. C’est le reproche principal que Calonne et Necker font à la Constitution de 1791.