Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

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ciste ont chacun une sphère d'action très différente et disposent de moyens très différents ; le domaine de l’un, c’est la Prusse où sa situation lui permet, semble-t-il, d'agir efficacement; le domaine de j’autre, c’est la France ou d’un point de vue plus élevé le gouvernement intérieur de tous les Etats d'Europe: pour donner une direction générale à la politique française, Gentz ne peut agir que très indirectement. sur l'opinion allemande par ses publications, et essayer de provoquer une réaction antirévolutionnaire dans l’Europe centrale.

Cependant, il n’est pas rien que fonctionnaire et publiciste, il est aussi homme du monde et joue un rôle important dans la société berlinôise ; son activité politique en tant qu'homme du monde pénètre à la fois dansles deux sphères que nous avons distinguées. Comme le dit très justement M. Ebrhard', Gentz occupait à Berlin une situation plus modeste en apparence qu'en réalité. Il fréquentait des salons comme celui de Rahel Levin, et petit à petit il s’introduisit, grâce à Humboldt, à son cousin Ancillon, prédicateur à la cour, à son ami Brinckmann, attaché à la légation de Suède, dans le monde aristocratique*. C’est d’ailleurs une circonstance qui prépare

1. Auguste Ehrhard. Fanny Elssler. Paris 1909, p. 38

2, Il est vrai que parmi les aristocrates que fréquentera Gentz, il y a de nombreux diplomates étrangers; mais ce fait à