Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

— 130 —

Une réaction ne pouvait manquer de se produire. Elle est marquée déjà par la traduction du tome premier de Mounier, probablement de 17941. Les Recherches sur les causes qui ont empêché les Français de devenir libres et sur les moyens qui teur restent pour acquérir la liberté constituent un gros ouvrage en deux volumes, qui porte beaucoup moins que les Considéralions de Mallet du Pan le caractère d’un pamphlet d'occasion. Ecrit avant que les troubles les plus sanglants de la Révolution ne se soient produits, cet essai reste modéré dans le style et dans les idées, et a plutôt l'aspect d’un travail historico-politique sur les origines de la Révolution. Par là, l'attention de Gentz était détournée des événements tout à fait contemporains qu’on regarde difficilement avec la même impartialité, reportée vers des considérations théoriques, vers Montesquieu que Mounier cite souvent*, et dont peut-

1. A propos de l'incertitude qui règne sur la date de la publication de cette traduction, voir Mülteilungen des Instituts für ôsterreichische Geschichtsforschung, XXVNII, dans la Bibliographie de Kircheïisen, p. 120. Malheureusement, il nous a été aussi impossible qu'à Kircheisen de nous procurer un exemplaire de la traduction allemande de Gentz. Nous avons dû nous servir du texte français de Mounier paru à Genève en 1792.

2, Voir Mounier. Recherches. Tome I, ch. I. Quels sont les caractères de la liberté ? Commentaire de la définition de Montesquieu. Gh. XIII. De quels avantages doivent jouir les nobles dans une monarchie ? Idée de Montesquieu sur le rôle de la noblesse.