Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

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mené par Montesquieu aux réflexions théoriques, il examine la question générale des systèmes se basant sur la séparation des pouvoirs. C’est l’accalmie après l'orage. Gentz ne combat plus la passion par la passion. Il tient au contraire à opposer la réflexion à l'engouement irréfléchi des démocrates francophiles pour tout ce qui vient de Paris. Il est même capable de s'élever assez haut au-dessus du présent immédiat, pour rechercher quelles ont été les conséquences d’un grand événement comme la découverte de l'Amérique. La première revue fondée par Gentz n’eut qu’un an d'existence ; elle finit avec l’année 1795.

Dans le dernier numéro, il annonçait à ses lecteurs qu’il allait se consacrer à un grand ouvrage sur la Révolution française. Et en effet, dans les années qui suivirent, Gentz se mit à y travailler très sérieusement, s’entourant de tous les documents qu’il lui était possible de rassembler {. Dans la mesure où cela eût pu se concilier avec son tempérament de polémiste, et avec la proximité dans le temps des événements qu'il voulait relater, il aurait fait œuvre d’historien?. Le seul fait qu’il l’ait tenté,

1. Voir la correspondance avec Bôüttiger. Ed. Wittichen. 1, notamment les lettres 48, 50, 51, 52, 58, 56.

2. On a recueilli récemment les jugements de Gentz sur les

causes de la Révolution française; il s’agit d'opinions générales ou particulières, dispersées dans des écrits très différents :