Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

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mesure politique d’être comprise dans la sphère du droit strict, il faut encore qu’elle entre dans la sphère plus restreinte de la morale.

Ce n’est pas tout. Il est une sphère encore plus restreinte, celle de la sagesse. Il s’agit bien entendu de la sagesse permise, puisque cette sphère est renfermée tout entière dans celle du droit et dans celle de la morale.

Telles sont donc exprimées schématiquement les trois conditions d’une bonne politique; telle est l'échelle à l’aide de laquelle Gentz mesurera les actes d'un gouvernement, les décisions d’une assemblée, les dispositions d’une constitution. Des trois termes de cette gradation, celui dont l'importance est la moindre, c’est sans aucun doute le terme intermédiaire. Il s’agit iei d’un concept plus ou moins étranger à la politique. Nous n’avons pas à entrer dans le détail des rapports du droit et de la morale. C'est là une question très compliquée, dont Gentz s'était déjà occupé à propos de la controverse de Garve et de Klein sur les devoirs stricts et les devoirs de conscience‘. On entendait par devoirs stricts ceux qui correspondaient à des droits stricts; par devoirs de conscience, de simples obligations morales. Au fond, toute la discussion semble n’être

1. Voir lettre de Gentz à Garve. Ed. Wittichen. I, lettre 36. 24 octobre 1789.