Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

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qu'une querelle de mots. Elle se réduit en dernière analyse à une différence de point de vue. Au point de vue juridique, il n’y a de droits stricts que ceux qui correspondent à une obligation juridique sanctionnée par la loi. Au point de vue moral, il ne peut. y avoir qu’une sorte de droits, car on ne peut imaginer des devoirs qui obligent de facon différente. La sanction juridique seule distingue ces droits qui, au point de vue moral, restent tous égaux, correspondant tous à des devoirs de même nature. Ainsi, lorsqu'il s’agira de juger un phénomène politique, la sphère de la morale se confondra avec celle du droit. En effet, il ne peut y avoir en politique de moralité ou d’immoralité que dans la personne qui accomplit l’acte, et dont au point de vue objectif les mobiles sont indifférents au penseur qui veut porter un jugement sur cet acte. Or, cet acte, en tant qu'acte, ne relève pas de la morale. Mais il n’est pas indifférent au droit, car il modifie des rapports juridiques ou crée des obligations. D'autre part, pour juger soit une loi, soit un acte d’administration ou de gouvernement, on se place forcément à un point de vue plus élevé que cette loi ellemême, par conséquent que le droit positif. Ce point de vue est celui du droit théorique ‘. Donc, dans le

1. Nous parlons ici de droit théorique, car il ne saurait y avoir par définition de morale qu'à l’intérieur des individus. Dire qu’une action est bonne au point de vue moral, c’est dire