Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

— 167 —

donc à l’aide du principe d'équilibre que Gentz justifie la guerre; mais il ne parle pas de faire de ce principe la garantie des rapports pacifiques entre les Etats.

Et il n’en aime pas moins la paix. Dans un article de l'Aistorisches Journal (Ueber den ewigen Frieden, sept. 1800), il avait indiqué les conditions d’une paix perpétuelle. C’est la dernière fois qu'il avait une préoccupation commune avec son ancien maître Kant, dont le traité sur le même sujet avait paru en 17951.

Les vues exprimées dans le livre « sur l’origine et le caractère de la guerre contre la Révolution » ne forment pas encore un système coordonné et complet. Le lien nécessaire — l'application de l'idée d'équilibre aux rapports entre les Etats, de façon à amener une harmonie forcée, mais salutaire pour l'ensemble, — se trouvait déjà dans Kant. Kant avait dit, en effet, qu’une bonne constitution ne pourrait être établie à l’intérieur des Etats tant que les rapports des Etats entre eux n'auraient pas été réglés?. Mais il entrevoyait dans l'avenir une limi-

1. Bien plus que ce traité, c'est l'article de 1784: Idee zu einer allgemeinen Geschichte in weltbürgerlicher Absicht — que

Gentz avait dû lire étant étudiant — qui a influencé ses idées politiques.

2. Berlinische Monatsschrift, 1784. ?, Bd., p. 398-408. Voir le Jue principe de l’article de Kant : Idee zu einer allgemeinen Geschichte in weltbürgerlicher Absicht.