Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

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tation réciproque de la liberté. La nature y forçant les puissances, on atteindrait, par l'équilibre‘ qui s’établirait, un état se rapprochant de l’idéal de la raison. C’est justement ce principe qu’à partir de 1801 Gentz va mettre à la base de toutes ses idées politiques au cours de sa lutte contre la domination napoléonienne.

Qu'il y ait eu ou non chez lui une réminiscence confuse de Kant?, ce rapprochement conserve un certain intérêt. Il nous montre en effet que Gentz, à un tournant de sa vie, au moment où la lutte qu’il soutient va prendre un autre caractère, au moment où le théâtre de son activité va changer, cherche, sans le vouloir et sans le savoir, dans une idée déjà exprimée par Kant, le lien qui manque encore à sa théorie. Ainsi, jusqu’à un certain point, sur la pensée de Gentz tout entière plane l'ombre du philosophe de Kôünigsberg.

1. «Die Uebel, dit Kant, die daraus (de la rivalité entre les nations) entspringen, nôtigen unsere Gattung zu dem Widerstande vieler Staaten neben einander ein Gesetz des Gleichgewichts auszufinden.» Berlinische Monatsschrift, 1784. 2. Bd., p. 402.

2. Et il est impossible qu'il y ait eu plus qu’une réminiscence confuse.