Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

— 170 —

il avait eu une jeunesse très difficile. D'abord quelque peu poète, il avait cherché sa voie pendant un certain temps, jusqu’au jour où le hasard mit le duc et la duchesse de Choiseul sur son chemin. Cette rencontre décida de sa carrière. Il se fit apprécier par le grand ministre pour son intelligence et pour son esprit. Il devint bientôt un des habitués de Chanteloup, y fit la connaissance de l’abbé de Périgord, plus tard célèbre sous le nom de Talleyrand, et se lança dans la diplomatie. Il accompagna comme gentilhomme d’ambassade le comte de ChoiseulGouffier, ambassadeur à Constantinople, puis devint secrétaire du hospodar de Valachie. Après son mariage avec Me de Marchais, en 1789, qui lui assurait la fortune, la Révolution enfit un consul à NewYork en 1792. Pendant la tourmente révolutionnaire, sa qualité d’aristocrate lui attira toutes sortes d’ennuis. Mais il retrouva Talleyrand aux Etats-Unis, et revint en France avec lui quand celui-ci crut son heure venue de rejouer un rôle politique. Ce fut désormais le meilleur protecteur de d'Hauterive ; il le recommanda au Premier Consul, et dès lors le gentilhomme dauphinois passa pour la meilleure plume de Bonaparte. Il ne rédigea pas moins de soixantedeux traités politiques et commerciaux, et se distingua en qualité de chef de division au ministère des affaires étrangères. Dès son entrée en fonctions, il