Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

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équilibre politique en Europe. Certes, on trouve déjà des vues générales, mais toujours exprimées à propos d’une situation précise, d’un fait déterminé. Au contraire, Gentz s'étonne à bon droit de voir combien d’Hauterive se soucie peu des principes qu'il a lui-même exposés.

Ainsi, le polémiste français, en décrivant la situation respective des Etats, remplace souvent l’idée d'équilibre par celle de système fédératif. Ce changement n’aurait aucune importance si d'Hauterive, comme Gentz, entendait par système fédératif quelque chose d'à peu près analogue à l’équilibre. Mais il n’en est pas ainsi, semble-t-il, et c’est ce qui explique peut-être les divergences entre Gentz et d'Hauterive, dès qu’il s’agit de juger les événements. Le mot de système fédératif exprime surtout l’idée d’un lien entre les Etats, d’une unité, de cette république d'Europe dont Gentz parlait dans son livre sur l’origine et le caractère de la guerre contre la Révolution ‘. Dans la politique extérieure comme dans la politique intérieure, il y a deux sortes d'unités, celle qu’on arrive à concilier avec une cer-

1. Ausgewählte Schriften. Ed. Weick. IT, p. 195. « Durch ihre geographische Lage, durch ihre tausendfältigen Verbindungen, durch die Gleichfôrmigkeit ihrer Siütten, ihrer Gesetze, ihrer Bedürfnisse, ihrer Lebensweise und ihrer Kultur, bilden die sämmtlichen Staaten dieses Erdteils einen grossen politischen

Bund, den man mit einigem Rechte die europäische Republik genannt hat. »

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