Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

— AYB US

taine séparation des pouvoirs, et celle qui constitue le despotisme ou la prépondérance d’un seul. Si l’on ne rattache pas nécessairement à l’idée de système fédératif celle d'équilibre, elle conduit très facilement à celle de domination exclusive et tyrannique, En effet, le meilleur moyen d'assurer l'unité, c’est une suprématie incontestée, et c’est à quoi d’'Hauterive veut amener plus ou moins consciemment les grands et les petits Etats, quand il conseille à l'Europe continentale de s’unir dans un système fédératif sous la direction de la France. Les alliés de la France, répond Gentz, leurs rapports avec elle, sont à peu près ceux de vassaux à suzerain, de protégés à protecteur; ils rappellent ceux des colonies avec leur métropole, ceux des provinces romaines avec Rome ‘: la France n’a pas d’alliés, elle n’a que des clients. Il n’est pas difficile d'établir un système fédératif se basant sur la domination d’un seul Etat, il suffit pour cela d’une puissance militaire passagère; mais il est très délicat d’en établir un qui garantisse la souveraineté et l’indépendance des faibles et des forts.

C’est d’ailleurs, selon Gentz, le seul qui mérite le nom de fédératif. En effet, dans le gouvernement intérieur, l’unité d’un pouvoir despotique peut assu-

1. Von dem politischen Zustand, p. 291.