Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

CHAPITRE III Gentz et l'idée nationale

Le pacifisme de Gentz pendant toute la première partie de la Révolution française se basait, comme nous l’avons montré, sur son cosmopolitisme. Gentz part du cosmopolitisme kantien. Il est à peine Prussien ou même Européen, c’est un Welibürger de l’Aufhlärung, qui regarde les choses du point de vue international. C’est dans son article sur l’influence de la découverte de l'Amérique que cet état d'esprit se manifeste le mieux. La force de chaque individu, pense-t-il, n’atteindra le développement dont elle est capable que par la communauté la plus complète des nations, c’est-à-dire par une pénétration intime des unes par les autres. Gentz voit là l'idéal dernier de l’humanité ‘. Et deux pages plus loin, le cosmopolitisme de Gentz prend une forme

1. Ausgewählte Schriften. Ed. Weick. V, p. 190 : « Es scheint das letzte Ideal, dem die gesammte Menschheit entgegen geht, gleichsam das Maximum ihrer Veredlung zu sein, dass durch die allervollkommenste Gemeïinschaft, das heisst, durch eine allgemeine und innige Berührung aller Individuen unter einan-

der, die Kraft des Einzelnen die hôchste Realitât und Bildung erhalte, deren sie fähig ist. »