Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

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toute la terre. Il ne leur manque qu’une capitale, qu’un centre artistique.

Cest dans cette lettre que se manifeste pour la première fois le sentiment national de Gentz, qui va animer tout le mémoire à l’archiduc Jean. C’est la première fois que l’alliance de la Prusse et de lAutriche, qu’il y prèche d’un bout à l’autre, est considérée par lui au point de vue de la plus grande patrie allemande. Dans sa Réfutation de d Hauterive, la même idée était exprimée comme une conséquence nécessaire de la situation anormale de l’Europe. En 1804, il y voit quelque chose de plus. Sous l’influence d’amis comme Adam Müller et Johannes von Müller, l'Allemagne est devenue pour lui autre chose qu’une réunion d'Etats, elle a pris en quelque sorte une âme.

Après avoir fait à l’archiduc un éloge de l’Allemagne, Gentz s’écrie : « Avecautant de qualités et autant d'avantages, habitants d’un pays favorisé qui a répandu sa domination et en partie sa culture et ses mæurs dans d'importantes contrées voisines à l’est et au nord, en plus d’une des grandes significations du mot le vrai centre de l’Europe — pourquoi ne sommes-nous pas le centre de la puissance politique ? Pourquoi ne prescrivons-nous pas au système politique du monde les lois de son évolution et de son équilibre ? Pourquoi si petits comme nation,