Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

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alors que nous sommes si grands comme individus ?

« La raison en est simple et claire. Nous sommes un peuple morcelé. Si une seule maison prineière allemande, notamment celle qui y avait le plus de droits, la maison d’Autriche, avait réussi à unir toutes les provinces de l'Allemagne en un Etat, si une religion, une loi, un gouvernement avait formé un lien entre ce peuple puissant, lui avait donné des aspirations communes, une culture commune, un intérêt commun, nous serions aujourd’hui à la tête du monde civilisé ‘. » Plus loin, Gentz traite d'aveugles ceux qui, comme lui en 1801, se sont félicités des divisions de l'Allemagne et de la rivalité qui y a existé entre la Prusse et l’Autriche*. Puisque le passé n’est plus en notre pouvoir, il ne nous reste plus qu’une chose*à faire : réaliser l’union des deux grandes puissances allemandes pour le plus grand bien de la patrie commune.

Gentz était en avance de plusieurs années sur les patriotes de 1813.

l’idée nationale se trouvait cependant déjà dans

1. Fournier. Gentz und Cobenzl. Beilagen zum 4. Kapitel : Gentzens Denkschrift für Erzherzog Johann. 4 September 1804, p. 242-292, Voir surtout p. 252 et suiv.

2. Dans sa Réfutation de d'Hauterive (1801), Gentz regarde cette rivalité comme favorable à l'équilibre général de l’Allemagne. 4