Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

texte précis à l’appui de notre hypothèse. Mais nous ne croyons pas qu’on en puisse citer un susceptible de prouver le contraire.

Gentz fait remarquer que la conception du droit de Kant, telle qu’il la connaissait en 1793, peut se concilier avec de nombreux systèmes de gouvernement’. N’est-elle donc pas susceptible, en dernière analyse, de se concilier avec toutes ses idées politiques dont elle est restée longtemps une des bases les plus solides ?

La philosophie de l’histoire de Kant, dans son article de 1784 et dans celui de 1793, n’a pu être pour Gentz que la confirmation de celle de l'Aufklürung. Kant, comme les Aufñlärer, croit à la perfectibilité indéfinie du genre humain. Il y a selon lui dans le monde un grand plan caché de la Nature ou de la Providence, qui contribue à y réaliser l’idéal de la Raison. Mais Kant diffère de l’Aufklüsung ans la façon dont il juge que s’est accompli le progrès. À ceux qui se représentent l’histoire de la civilisation sous des couleurs idylliques, il oppose une philosophie de la lutte. Tout progrès est dû selon lui à un antagonisme, antagonisme des pen-

1. Berlinische Monatsschrift, 1793, 2. Bd., p. 584-535, « mithin einer grossen Mannigfaltigkeit von Staatsformen Raum gelassen, welche dem Rechtsprinzip nur dann widersprechen, wenn sich beweiïsen lässt, dass sie mit den ersten Grundgesetzen im Widerspruche sind ».