Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

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mer qu'en ce qui concerne les principes du droit, il est tout à fait d'accord avec Kant!. Cela nous suffit pour le moment, et c’est pour nous la preuve qu'après sa conversion antirévolutionnaire, Gentz est resté fidèle à la première théorie qu'il avait apprise sur les bancs de l’université. Kant a raison, selon lui, de parler des trois droits fondamentaux de l’homme vivant en société: liberté, égalité et autonomie. Mais c’est ici que commencent les divergences, car c’est ici que doit s’arrêter la théorie. Pour assurer l’existence de ces droits, une bonne constitution sera nécessaire. Et si la théorie pure est insuffisante, Gentz, en bon rationaliste, ne cherche pas à sacrifier le raisonnement à un empirisme terre à terre : il y aura une autre théorie qui se distinguera de la théorie pure par ce fait qu'elle ne pourra plus ignorer l’expérience, qu’elle devra s’en aider sans pour cela lui être subordonnée.

En somme, tant qu’il s’agit du droit en général et des droits fondamentaux de l’homme, Gentz reste, même en 1793, le disciple de Kant, et rien ne prouve qu’il ne l’est pas resté toute sa vie. Il est vrai que de plus en plus ses préoccupations vont changer, il va être amené à d’autres réflexions, détourné entièrement de la spéculation même sur les matières qui touchent à la politique. Il n’y a pas après 1800 de

1. Berlinische Monatsschrift, 1793, 2. Bd., p. 527.