Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

sn 66. - =.

même sembler téméraire de-sa part de s'attaquer à un homme de la valeur et de la situation de Môser. Cela explique beaucoup de restrictions. Mais cette imprécision voulue, grâce à laquelle l’auteur qui sait s’exprimer avec tant de clarté sur les concepts théoriques laisse dans l’ombre tout ce qui touche à la pratique, n’a-t-elle pas une autre raison ? Ne faut-il pas en rechercher la cause dans une incertitude plus ou moins grande des idées politiques de Gentz?

Comme il n’a jamais eu l’occasion de les développer d’une façon systématique, il nous est difficile de répondre à cette question. Dans tous les cas, s’il n'avait pas de système politique aussi net que sa conception rationaliste du droit, toutes ses sympathies le portaient vers la Révolution française. Et il ne se fait pas faute de montrer les sentiments qu’il éprouve dans sa correspondance avec Garve. Le jeune écrivain, asseztimide quand il s’agit de défendre les principes de 1789, en est cependant l’admirateur passionné.

Vers 1790, Gentz terminait en tant qu’écrivain politique ses années d'apprentissage. Il avait été à la dure école de la philosophie de Kant. Il lui en est toujours resté une certaine précision dans le langage et dans l'esprit. Il allait traverser une des périodes les plus troublées de l’histoire européenne, avec une