Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

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mêmes, à choisir eux-mêmes leur constitution. Il est vrai que l’on peut supposer avec infiniment de probabilité qu’en 1790 ou même en 1791, il aurait développé sur ces questions des idées en apparence diamétralement opposées à celles qu’il a développées plus tard. Remarquons cependant que les quelques pages de la Berlinische Monatsschrift où il fait une allusion directe à la Révolution française n’ont qu’un rapport éloigné avec le corps de l’article, qui même sans elles forme un tout complet.

Le jeune Gentz ose à peine se prononcer publiquement sur les questions politiques du jour. La seule idée qu’il émette dans ce premier essai, c’est que l'Etat doit, selon lui, plutôt travailler à diminuer l'inégalité naturelle qu’à l’augmenter par des inégalités artificielles’. En face des grands événements qui se déroulent en France, c’est bien peu. Cette réserve s’explique chez un débutant qui n’est encore qu’un petit fonctionnaire prussien. Il a mille précautions à prendre, s’il ne veut mécontenter personne. Il faut qu’il compte avec la rédaction de la revue, avec les idées de ses supérieurs. Il pouvait

1. Et il est là en pleine opposition avec Môser qu'il voulait réfuter. Môser, qui partait de lanalogie de l'Etat avec une société par actions, soutenait que l'inégalité des citoyens, qui existe dans les faits, devrait rester un des principes essentiels de la société. Voir Berlinische Monatsschrift, 1790 (1re par-

tie, juin). J. Môser, Ueber das Recht der Menschheit als den Grund der franzôsischen Revolution.