Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

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mense majorité de ses contemporains. IL semble bien, si l’on examine l’histoire de la Révolution française et de ses conséquences pour l’Europe entière d’un point de vue plus élevé, qu’ils n’avaient pas tout à fait tort. Cependant vers 1792, pour le spectateur étranger qui ne pouvait prévoir l’avenir, le spectacle de l’Assemblée législative paraissait être un défi à la sagesse des nations. Nul doute que Gentz, qui plus tard rendra parfois justice à la Montagne!, n’eût trouvé dans le gouvernement d’un Robespierre plus de logique et plus d'esprit de suite.

L’Assemblée incapable de maintenir la constitution, le vice interne du nouvel édifice constitutionnel français bâti avec tant de peine, au prix de tant de troubles, et qui s'écroule au bout d’un an, voilà qui a dû faire plus d'impression sur Gentz que tous les incendies de châteaux et tous les massacres dans les prisons. Voilà où conduisait l'application rigoureuse des principes rationnels. L’homme politique pratique qui sommeillait en lui ne pouvait prévoir les bienfaits ultérieurs de la Révolution, il ne put que constater le mal provoqué par elle et se détourner de ce grand mouvement qu’en disciple de Kant il avait salué avec tant d'espérance. Mais le disciple

1. Voir Historisches Journal. I, mars 1799, l’article sur les fêtes commémoratives de l'anniversaire du 21 janvier. Critique du discours de Larevellière-Lépeaux prononcé à cette occasion.