Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

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prête volontiers aux expériences les plus hardies chez les autres, mais pas chez lui ; — cela était contraire à l’esprit cosmopolite européen que gardera toujours le Wetfbürger qu'était Gentz. Il fallait donc généraliser un des deux systèmes et choisir : appliquer soit le rationalisme, soit l'empirisme politique dans toute l’Europe civilisée. Gentz, après avoir penché un instant pour la première solution, eut le mérite de voir clairement ensuite en quoi consistait au juste cette opposition.

Cest en effet seulement lors de sa conversion antirévolutionnaire que Gentz découvre le domaine de la politique tel que nous avons essayé de le définir plus haut. L'opposition du rationalisme et de l’empirisme n’est plus une antinomie. Il s’agit de deux choses de nature différente, qui peuvent s’accorder parfaitement entre elles. Le tout est d’en bien tracer les limites. Dans les petits traités qui suivent le traduction de Burke, Gentz reconnaît plusieurs fois et d’une facon très nette la différence qu’il y a entre le droit et la sagesse politique. Il avait cru auparavant qu'en faisant régner sur la terre un droit basé uniquement sur la raison, on ferait œuvre de Sagesse supérieure, que par là on supprimerait les difficultés de la pratique. L'Etat philosophique puiserait sa force dans les principes qui en sont le fondement. Cette idée, Gentz la partageait avec l’im-