Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

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tains événements de sa vie. Cette crise intellectuelle de 1791-1792 n'alla pas sans une crise morale. Reconnaitre la séparation entre la théorie et la pratique, la spéculation et l’action, ne peut aller chez un jeune rationaliste sincère, passionné, épris de l'idéal de la fin du XVIIIe siècle, sans un ébranlement de tout son être. Il y eut chez Gentz à ce moment une liquidation générale, une grande rupture avec son passé, presque une révolution intérieure.

Tous ces troubles et toutes ces luttes, qui semblent ressortir de la dernière lettre qu'il écrivit à son ancienne amie de Künigsberg, Elisabeth Graun‘, nous autorisent à attacher une importance considérable à des éléments subjectifs qui ont eu un retentissement véritable sur ses idées comme ses relations et ses lectures. Nous voulons parler de Garve et d’'Humboldt d’une part, de Burke et de Necker d'autre part.

Christian Garve à été à Breslau un ami de la fa-

1. Ed. Wittichen. I, lettre 29. Undatiert (seconde moitié de 1791). « In den fünf Jahren, die seit unserer Trennung verflossen, hat der Masstab, mit dem ich die Menschen messe, gewaltige Alterationen erlitten ; er ist zuletzt, ich leugne es nicht, durch die immer wachsende Entwicklung meines inneren Menschen, zum Teïl auch durch einige Modelle hoher, vollendeter Menschlichkeït, die ich auf meinem Wege fand, so gross geworden, dass ich jetzt das meïiste von dem, was mich sonst befriedigte, verachte, und so stolz und hart es auch klingen mag, fast alle Gegenstände meiner ehemaligen Bewunderung mit Füssen trete.»