Un exemple à suivre : la Prusse après Iéna : 1806-1871

106 LA PRUSSE APRÈS IÉNA.

tissements; on chasse le souvenir importun comme un mauvais rêve. La honte de le défaite s’efface des esprits. Non seulement on oublie le passé mais on ne pense même plus à l’avenir; on ne se préoccupe plus des points noirs qui grossissent à l’horizon. Aimable caractère ! Insouciance funeste ! Essayons donc après tant de leçons d’être un peu moins prompts à l’oubli ! On ne demande pas aux Français de vivre inconsolables ; on ne leur demande pas de pleurer et de gémir, comme les Israélites en captivité ; on ne leur demande pas d'échanger leur gaieté contre la lourdeur germanique: ce serait d’ailleurs peine perdue. On leur demande simplement d’avoir de la mémoire et de la prévoyance, d’être un peu misanthropes, de se défier des voisins, de songer que la sentinelle prussienne monte la garde aux portes de Metz, sur la route de Paris, que les désastres de l'Année Terrible peuvent enfanter d’autres désastres. Les bombardements de Strasbourg et de Paris, l'incendie de Bazeilles, le traité de Francfort, le vol de l’Alsace et de la Lorraine ne sont pas des souvenirs à couvrir d’un voile, quand l’énnemi ne demande qu’à recommencer la partie; et la prévoyance n’est pas un vain souci, quand il s’agi de l'existence même d’un peuple,

Il y a encore d’autres leçons aussi importantes à tirer de l’histoire de la Prusse. Après Iéna, les Prus-