Un exemple à suivre : la Prusse après Iéna : 1806-1871

410 LA PRUSSE APRÈS IÉNA.

Il faut que les magasins soient remplis, le terrain étudié, les marches tracées, les rèles appris et distribués à l’avance. De là résulte la nécessité d’une longue préparation, d’un entrainement universel. Il ne suffit pas d’être disposé à verser pour sa patrie la dernière goutte de son sang, quand l’ennemi envahira la frontière; il ne suffit pas de se sentir l’âme d’un héros quand le canon a déjà grondé. Cet héroïsme viendrait peut-être trop tard, si la préparation antérieure avait été négligée.

Cette préparation demande de longues années et un labeur persévérant. En présence d’un rival qui ne prend pas de repos même après la victoire, l’effort doit être continu, incessant. Il en est maintenant de l’art militaire comme de l’industrie et du commerce. On ne soutient la concurrence qu’à force de progrès et on n’est en progrès qu'à force de patience. La patience n’est pas notre qualité maitresse, à nous qui aimons les résultats immédiats et les fanfares retentissantes. Plus qu'aucun autre peuple, nous devons nous persuader que la victoire ne sera plus désormais l’œuvre d’une journée heureuse, d’une inspiration de génie, mais le résultat de longs sacrifices. Il ne faut compter ni sur la fortune : elle nous a trop de fois trahis; ni sur les grands hommes : ils