Un exemple à suivre : la Prusse après Iéna : 1806-1871

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IÉNA. 21

Jamais royaume n’avait fait une aussi courte résistance à l’invasion. La Prusse s’était écroulée comme un édifice vermoulu. La raison de cet effondrement subit, de cette défaillance morale, n’est pas difficile à trouver. En face d’un homme de guerre tel que Napoléon, qui avait bouleversé les vieilles règles de Part militaire et créé une nouvelle tactique, la Prusse avait vécu des souvenirs de la guerre de Sept Ans, comme la France avant 1870 vivait des souvenirs de ses victoires passées. Elle avait glissé dans la décadence sans s’en apercevoir, sans même s’en douter. Elle avait cru qu’on gagnait des batailles avec des légendes, que de vieux lauriers pouvaient remplacer des canons neufs. Elle avait oublié qu’une armée qui a été excellente peut devenir insensiblement médiocre, tout en restant brave,et qu’il fauttoujours travailler sous peine de déchoir. La leçon, du moins, ne sera pas perdue.

Les Russes étaient arrivés trop tard sur le Niémen pour sauver leurs alliés. L’audace de leur général Bennigsen rendit longtemps incertaine l’issue de la lutte. Mais après les victoires de Napoléon sur les Russes à Pulstuck, à Eylau, à Friedland, après la prise des places de Silésie, puis de Dantzig et enfin de Kænigsberg, Alexandre abandonna son malheureux allié, Frédéric-Guillaume, à la vengeance de Napoléon. La Prusse fut la victime immolée à cette entre-