Un exemple à suivre : la Prusse après Iéna : 1806-1871

PRÉPARATIFS DE REVANCHE. 31

a leur maïtre que tout est rentré dans l’ordre, que la tranquillité règne partout ; mais en réalité l’élan populaire ne s’arrête point; le Tugendbund, plus redouable depuis qu'il est plus caché, pénètre dans les masses, se ramifie à l” infini et prépare l explosion réYolutionnaire et nationale de 1813.

En même temps la Prusse retire de ses misères et de ses humiliations un profit inespéré, Napoléon fait d'elle une sorte de martyre allemande; il attire sur elle les regards du reste de l’Allemagne. C'est la Prusse qui désormais va représenter la patrie allemande contre le despotisme de Napoléon.

La patrie allemande! voilà un mot nouveau qui apparaît dans l’histoire. Jusqu'en 1789 l'Allemagne n'avait pas eu de vie nationale; elle n’avait pas senti le besoin de l’unité. C’était un chaos de grands et de petits états, de monarchies et de républiques, de principautés laïques et héréditaires, de principautés ecclésiastiques et électives. Il n’y avait pas de centre de ralliement; chaque prince agissait presque à sa guise et se souciait fort peu du Saint-Empire germanique. Les nobles des bords du Rhin servaient indifféremment la cour de Vienne et celle de Berlin, sou‘vent même celle de Versailles. Beaucoup d’entre eux avaient des enfants dans l’armée prussienne, dans l’armée autrichienne et dans l’armée française! Ces