Un exemple à suivre : la Prusse après Iéna : 1806-1871

48 LA PRUSSE APRÈS IÉNA.

nom de malédiction pour les veuves etles orphelins, un nom qui retentira parmi les cris de désespoir au jour du jugement. Debout, peuples, tuez-le, car je lai maudit; détruisez-le, car c’est un destructeur de la liberté et du droit. »

Arndt veut qu’on reprenne à la France les vieilles frontières de l'Allemagne, qu’on lui enlève tout le pays au delà di Rhin « partout où Dieu est prié en langue allemande. » Ces pamphlets enfantent des soldats, comme autrefois notre Marseillaise avait conduit à la victoire les toupes républicaines. Les philosophes eux-mêmes sorient de leur cabinet pour prendre part à lalutte. En 1729, Kant le stoïcien avait pleuré de joie en apprenant la chute de la Bastille; en 4813, son disciple Fichte lance l’anathème au nom de la libre pensée contre l’homrie de Brumaire, l’homme du Consulat et de l'Empire. Les hymnes du poète Kærner sont dans toutes les bouches. Les Universités sont désertes, car les professeurs et les élèves sont au régiment.

La Prusse n’est plus qu'un camp. On se serait cru en France aux jours de 1792, quand les Prussiens et les Autrichiens, précédés du manifeste de Brunswick, venaient restaurer l’ancien régime et recevaient à Valmy une rude leçon. De même que la Révolution française, en détruisant l’ancienne société avec tous les restes de la féodalité, avait créé en France une