Un exemple à suivre : la Prusse après Iéna : 1806-1871

50 LA PRUSSE APRÈS IÉNA.

nouvelle nation, de même sous l'influence des Stein, des Humboldt et des Scharnhorst, sous les excès de la tyrannie impériale, sous les malheurs et les huhiliations de la patrie, une nouvelle nation avait grandi en quelques années sur le sol de la Prusse.

Par une amère ironie de la fortune, ou plutôt (avouons-le) par notre faute, les principes, qui avaient fait la force de la France républicaine, faisaient maintenant la force de la Prusse et de l'Allemagne. Nous avions laissé grandir le despote et nous supportions la faute de notre faiblesse. Depuis treize ans, la France avait pris l’habitude de la patience servile; elle avait donné, sans les compter, ses enfants au tyran qui avait semé leurs os sur tous les champs de bataille de l’Europe, au gré de son ambition et de ses caprices. Elle s’était aliéné Loutes les nations pour donner des. trônes aux parents de l’empereur; elle avait soulevé contre elle des haïines irréconciliables pour que son maître eût une cour d'esclaves couronnés. Elle était tombée dans la servilité plus bas que les sujets des princes asiatiques : un Sénat, un Corps Législalif, un Conseil d'État muets et dociles, une administration rapace, une magistrature asservie, un code hérissé de peines barbares, une police infatigable, les lettres de cachet et d’exil, les prisons d’État, le monopole de la presse, la censure publique, l’Université menée au