Un exemple à suivre : la Prusse après Iéna : 1806-1871

REVANCHE PRUSSIENNE. 51

son du tambour, la religion catholique faite institution d’État et imposant l’obéissance à l’empereur sous la menace des peines éternelles, le baïllon mis à la philosophie, aux lettres et aux arts, le rétablissement de l'étiquette royale et des titres de noblesse, l’abaissement voulu des esprits et des intelligences sous l'effort d’une inquisition plus redoutable que l’ancienne inquisition d’Espagne, voilà quels étaient les instruments du règne de Napoléon; voilà quels étaient les ressorts intérieurs de cette politique qui allait livrer à l’invasion la patrie démoralisée, affaiblie, impuissante.

Cette force morale que nous avions perdue passait justement à la Prusse et à l'Allemagne. Cest en adoptant, au moins pour quelques années, les principes de notre Révolution, que les coalisés allaient abattre Napoléon. Avec son dédain ordinaire des nobles passions el son matérialisme brutal, Napoléon, qui réduisait tout à une question de chiffres, disait à Maret, en apprenant la défection de la Prusse : « Ge pays pourra m’opposer 40 000 hommes dans deux mois et jamais plus de 15000. » Son calcul élait grossièrement inexact. Il oubliait les grands élans qu’il avait cependant vus se produire dans la France républicaine. Au début de 1