Un faux Louis XVII : le baron de Richemont en Alsace 1848-1851

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« Voici ce qu’elle (la chère Mère) dit à l’homme et à moi. Depuis le bon Roi qui fut mis à mort, tout alla injustement. Dieu n’a voulu d'aucun de leurs successeurs. Ils ont été punis pour leurs injustices. Par cet homme l’ordre doit être rétabli, mais d’une manière simple et humble. Il va endurer des souffrances, le mépris, la persécution. Il sera encore bien plus humilié par là et il apprendra mieux à connaître que par lui-même il ne peut rien; que Dieu seul peut tout. Mais après ses souffrances, Dieu lui accordera un grand pouvoir. Il faut que par lui l'Eglise obtienne ses droits et ses libertés. Il doit se garder de toute attache humaine et des flatteurs qui ne cherchent que l'argent et les honneurs. C’est ainsi que les royaumes se perdent. Le roi est le représentant de Dieu sur la terre; tout ce qu’il fait, il ne doit le faire que pour Dieu et en son saint Nom. Il doit donc avant de rien entreprendre se prosterner devant la croix et demander du secours à Dieu. Il ne doit jamais compter sur ses lumières naturelles, ni s’appuyer sur la prudence du siècle. L'Aomme sera le père du peuple, des pauvres et des malheureuses. Il rétablira la sanctification du dimanche et des jours de fête. »

Reprenons à présent la suite du mémoire de Mgr Ræss en date du 6 février :

« Mardi 22 janvier, après 4 heures du soir, arrivèrent chez nous les trois voyageurs accompagnés de l'abbé Thiébaut Georges Lien- : hart, aujourd’hui coopérateur de M. le curé de Niederbronn. Nous fûmes frappés de la ressemblance de l’Aomme avec quelques membres de la famille royale, *) surtout avec l’ex-roi Louis Philippe. Les conversations que nous eûmes avec lui, nous donnèrent une haute idée de ses connaissances, de son expérience, de ses sentiments de justice,

1) M. le chanoine Ahlfeld, curé de St Pierre le-Vieux à Strasbourg était aux eaux de Niederbronn, logeant au presbytère, quand le baron de Richemont revint à Niederbronn en juillet 1851. Quand le prétendant, suivi du vicomte de Bussière, eut franchi le seuil du salon du presbytère, où M. Lienhart conversait avec M, Ahlfeld et M. Strub, supérieur de Marienthal, le curé de St Pierre-le-Vieux, connu pour son exquise politesse, s'esquiva avec M. Strub et ensemble ils stationnèrent sur le perron de l'escalier. Là M. Strub dit à M. Ahlfeld : « Avez-vous remarqué le nez bourbonien du prétendant? — Ma foi! répartit le curé de St Pierre-le-Vieux, son nez ne ressembie pas plus au nez des Bourbons que ma botte, D'ailleurs cet homme ne saurait être un prince, il ignore les premiers éléments de la politesse, car il n’a pas même daigné nous saluer ».