Un rempart contre l'Allemagne : les Slovènes

60 É UN REMPART CONTRE L'ALLEMAGNE

libre s’asseyait sur la pierre des Ducs et recevait le duc élu, que suivait une escorte brillante de seigneurs. Le duc avait dû dépouiller ses vêtements princiers et revêtir ceux d’un simple paysan. Dans sa main gauche, il tenait un bâton et, dans la main droite, une corde et il conduisait ainsi une jument pommelée et un bœuf tacheté. En cet équipage, il s’approchait de la chaise ducale. Le paysan l’interrogeait alors en slovène : « Qui est-ce qui s'approche de moi? » « C'est le seigneur du pays », répondait le peuple. Et le paysan de demander encore : « Est-il un juge équitable? Quelqu'un à qui la prospérité du peuple tient à cœur? Est-il un homme libre? Est-il un protecteur de la foi » — Quand le peuple avait répondu: affirmativement à toutes ces questions, le paysan touchait de ses mains le visage du prince, il se chargeait du bœuf et de la jument et il se retirait. Alors seulement le prince s’asseyait sur la pierre ducale et prenait formellement possession du pays. Dans cette cérémonie, la souyeraineté naturelle du peuple se montrait en toute évidence; l'installation du duc était une reviviscence importante de l’indépendance slovène.

Les anciens Slovènes furent nettement opposés à tout espèce de gouvernement centralisé; ils préféraient l’autorité de leurs Zupans (ducs) nationaux, qui laissaient pleine liberté à leurs instincts démocratiques. Toutefois, ce n’est pas à une incapacité politique qu'il faut attribuer l'impossibilité où furent les Sloyènes de défendre, comme les Croates et les Serbes, un Etat indépendant; il faut l’attribuer uniquement à la position sans défense des pays vougo-slaves de l'Ouest. Les Slovènes eurent à remplir une tâche gigantesque: ils durent arrêter la pression accablante de l'élément germanique et, par suite, protéger la formation d'autres Etats Yougo-slaves au sud de la Drave:

Le malheur des Slovènes fut de s’être établis sur la grande route des nations, et d’avoir créé et organisé leur jeune Etat à la croisée des chemins suivis par les CANONS de l'Est et de l'Ouest.