Un témoin de la Révolution française : Journal de Benjamin Cuendet de Sainte-Croix (Suisse), officier de la garde nationale à Lyon, 1769-1815 : ouvrage orné de deux portraits et de planches en fac-simile

ou

20 Jun, parti de S® Croix; 21, à Yverdon; 22 à Lausanne: 23 à Genève; reparti le 26; arrivé le 29 à Lyon.

1789. juin 30. L'on a illuminé, ainsi que le 1°" et le » juillet, pour une prétendue Réunion entre les trois Ordres, mais réunion bien coquine de la part du haut. Le 1" et le 2 juillet, il y a une troupe de Jeunes gens qui ont mis bas le Mai du Commandant nommé Tolozan ; et de là, ils ont mis le feu aux barrières de S! Clair; à Perrache, délabré les bureaux des gapians ainsi que ceux de dessus le pont de la Guillotière. L'on a pris plusieurs de ces jeunes gens dont ils en ont pendu un le 7 de juillet. Un autre l’a accompagné avec une femme. L'on avait fait venir une compagnie de dragons de Vienne pour arrêter cette émeute !.

Dimanche 19 juillet, les trois Ordres à Lyon ont fait une procession tout pêle-mêle et simulé.

1789. Juillet 13 Mr. de Flesselles, prévôt des marchands à Paris, a formé une milice bourgeoise de 200.000 jeunes gens lesquels jeunes gensont été le 14 aux Invalides pour prendre des armes, dont le Commandant leur a donné ce qu'il avait. De là, ils furent à la Bastille, où le gouverneur les a reçus à coups de canon. Ce qui porta la milice, de concert avec les Gardes françaises, à aller prendre des canons aux Invalides, et sont revenus fondre dessus la Bastille, où en 4 heures, ils ont escaladé et pris le gouverneur, nommé le marquis de Launay, qu'ils ont mené à l'Hôtel de Ville avec trois de ses complices, dont Mr. de Flesselles en était du nombre: ils leur ont coupé la tête en place de Grève, qu’ils ont mises sur des perches qu'ils ont promenées par la ville de Paris. Voilà le fruit des traîtres.

Le 17 juillet, le Roi est venu à Paris, ce qui a mis la joie dans les cœurs. Il a pris une cocarde bleue et rouge que la milice bourgeoise lui a offerte; d’après quoi, on a crié: Vive le Roi! IL faut observer qu'on a démoli la Bastille, mis dehors tous les prisonniers dont il y en avait depuis 30 ans qui souffraient sous la tyrannie des tyrans et pour n'avoir rien fait que prendre les intérêts de l'humanité.

Le grenadier des Gardes Françaises qui a escaladé le second à la Bastille (car le premier qui était un bourgeois a été tué en montant

! Sur tous ces incidents du 99 juin au 7 juillet 1389, voir le récit très docu-

menté de M. Maurice Wahl, les Premières Années de la Révolution à Lyon (Armand Colin, 1894, p. 93-98).