Une mission en Vendée, 1793

Il NOTE PRÉLIMINAIRE.

seconder les vues et faire exécuter les décisions. Mais, en fait, isolés par la distance et par le manque de communication, pressés par les événements qui se succédaient avec une effrayante rapidité, ils étaient souvent, comme on pourra le constater, dans l'obligation d'agir par eux-mêmes, sauf à demander plus tard, une fois les choses faites, l’assentiment de leurs supérieurs hiérarchiques. C’est ainsi qu’on voit M. AJullien prendre des arrêtés, procéder à des élections municipales, donner des ordres aux autorités civiles et même aux autorités militaires, avant d’avoir le temps de prévenir ses chefs ou de les informer de ce qui se passe.

J'ai tenu à publier le manuscrit, tel que je l’ai retrouvé dans des papiers de famille, tout encombré de discours, d'adresses à la Convention, de lettres particulières, d’arrètés et de pièces officielles. Il m’a semblé qu'il offrait ainsi plus d'intérêt. Cette masse de documents relatifs à tant d’affaires diverses, à tant d'événements tragiques, donne bien, à mon sens, limpression de la confusion où l’on se trouvait alors, et des difficultés, en apparence insurmontables, que présentait la situation.

C’est le chaos. La République et la France sont trahies de tous les côtés à la fois. La guerre civile se grefle sur la guerre étrangère. Tandis que les Allemands menacent nos frontières, les Vendéens menacent Paris. Le parti royaliste donne ouvertement la main à l'étranger. Des Anglais, des Prussiens, des Autrichiens et des Russes, conduisent, sous les ordres de La Rochejaquelein, de Stofflet ou de Charette, les colonnes insurrectionnelles. Le Cotentin et la presqu'ile Bretonne se trouvent sous le coup d’un débarquement et d’une invasion. Nos officiers de marine ont presque tous déserté. Les uns, comme à Toulon, ont livré nos vaisseaux à l’ennemi ; les autres se sont dispersés en Europe. Nos escadres n’ont plus de chefs; nos matelots ont perdu l'habitude de la discipline; nos ports de mer sont sans défense; la protection de nos côtes n’est pas assurée. Les armées républicaines, mal dirigées et mal commandées, pour la plupart, se laissent battre ou surprendre; les généraux se jalousent ou cher-