Une offrande Genevois à l'Assemblée nationale
1% OTTO KARMIN
et fit-un tableau de cet excellent Gouvernement dont la description fit horreur, je pense, à celui-même qui l’avoit vanté sans le connaitre. M. Girod, député de Thoiry, baillage de Gex, affirma la vérité des faits exposés par M. Du Roveray et il dépeignit nos Arislocrates avec des couleuts très peu favorables. Il ajouta que la Garantie n’étoit pas seulement fatale à Genève, mais au pais de Gex qui avoit beaucoup souffert en 66 de la suspension du commerce el en 82 de l’arrivée des troupes.
La faveur de cette Société où nous avons beaucoup d'amis ne nous répondoit pas de celle de l'assemblée ; nous craignions qu'on n'eut fait jouer des ressorts, préparé des opinions, disposé des batteries. Le Mardi 29 étoit le Jour décisif; la séance du soir a élé nombreuse. M. de Volney a ouvert la discussion en prononGant un discours où il cumuloit les raisons pour rejeter le don; il analysoit la lettre des Genevois; l'expression de gratitude et de bienveillance lui a fourni un brillant tableau de la Garantie : de là, il s'est élevé à des considérations générales sur l'indépendance des pelits États, sur l'injustice manifeste des grandes puissances quand elles veulent influer sur la législation de leurs voisins, et s'arrêtant sur celle de Genève dépravée par la contagion des Bureaux français, il a fait sentir que si l'acceptation du don pouvoit faire soupconner au peuple de Genève que l’Assemblée Nationale pouvoil garantir une Constitution oppressive et despotique, celte acceptation seroit une lâche à l’honneur de l’Assemblée. Elle a demandé l'impression de son discours; vous verrez comment il à parlé d’Hennin (1) el comment il a interjelté que M. Necker étoit Conseiller honoraire du gouvernement oligarchique (2). Le Prince
(1) Hennin qui, en 1767, avait été résident de France à Genève, était alors premier commis du bureau des affaires étrangères à Versailles.
(2) «.…....Nous affirmons comme des faits notoires dans Genève que les dernières assurances données par M, Necker aux magistrats génevois sur l'obtention de la garantie coïncident pour le temps avec l'invitation qui leur a été faite en son nom de s'intéresser dans la contribution patriotique ; — que les souscriptions relatives à ce dernier objet ont commencé à peu près à la même époque; qu'elles sont restées ouvertes jusqu’à l'arrivée des pleins pouvoirs en vertu desquels la garantie a été signée; et que c'est seulement alors que le dernier résultat de cette souscription a été adressé au ministre » (Archives parlementaires, t. X, p. 38).
A Genève, également, Necker était désigné comme responsable de l'octroi de la garantie. Ainsi l'avocat Grenus, de Genève, écrit le 13 décembre 1189