Une séance au Parlament anglais en 1791 : discourt prononcé à la rentrée de la Conférence des Avocats le 22 décembre 1879

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Pitt était, dès lors, assuré qu’au jour, encore éloi gné, mais qu'il entrevoyait, où il faudrait combattre notre pays, la Révolution, dont les désordres avaient malheureusement terni l'image aux yeux du peuple, serait aussi condamnée aux Communes, où elle rencontrerait une partie des whigs unie au gouvernement.

Maître de la situation, Pitt voyait la tâche qu'il avait à remplir : il devait contenir l'Angleterre, un instant hésitante , et la rejeter, pour un temps quidure encore, dans la voie qu'elle poursuivait. Tant que l'Angleterre sentira comme elle sentait en 1780, elle élèvera des statues à Pitt; ce sera lui payer sa dette de reconnaissance. Après, messieurs. Après il appartiendra à l’histoire de mentionner une œuvre dont on ne saurait nier la grandeur.

Ne quittons pas le Parlement sans juger les deux principaux acteurs de la scène que je viens de vous retracer.

La figure de Burke est d’une saisissante originalité : il a, de l'homme politique, l'esprit habile et résolu et sacrifie, à la nécessité d’un moment, son passé, avec ce qu'il lui rappelle de plus cher, sans faiblesse, il se défend même d’un regret; et cependant, il n’aspire pas au pouvoir(r); il a, du philosophe, l'irrésistible logique avec laquelle il déduit les conséquences de

(1) En effet Burke, séparé de son ancien parti, ne chercha pas à se rapprocher des tories, lorsque le triomphe de la politique qu’il avait soutenue fut assuré, Burke cessa de prendre une part active