Variétés révolutionnaires, S. 294
en ne
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l'horizon ; le jeune général, las de courir les hôtels
garnis, songea à affermir sa situation par un riche et aristocratique mariage. Il avait souvent rencontré” chez Barras une créole, Joséphine Tascher de la Pagerie, veuve du général marquis de Beauharnais,
mort sur l’échafaud en 1793. Lucien, dans ses
Mémoires, s'exprime ainsi sur le compte de sa première belle-sœur : « Je remarque chez le directeur
Barras, au milieu d'un cercle nombreux de jolies femmes réputées généralement galantes, l'ex-marquise de Beauharnais. Cette femme, qui n'a jamais
été belle, plus que sur le retour, captive assez mon frère Napoléon pour qu'il désire l’épouser. Il est
vrai que Barras se charge de sa dot, qui est le commandement en chef de l’armée d'Italie. » La nonchalante Joséphine était une place facile à prendre d'assaut. Lies bans furent publiés le 9 février 1796 ; le 2 mars, le Directoire investissait lefiancé de
son nouveau commandement. Bonaparte se mariait
le 9, sans être assisté J'aucun membre de sa famille.
Paul Barras et Tallien, deux régicides, servaient de
témoins à l'ex-marquise de Beauharnais, fille et sœur d'émigrés, veuve de guillotiné, et l'unissaient au vainqueur de vendémiaire, au protégé des deux Robes-
pierre. Etrange scène en vérité! Le contrat de
mariage contient deux erreurs volontaires de date. Il
donne vingt-huit ans à chacun des époux. Or, Bona-
parte avait vingt-sept ans seulement, et Joséphine
trente-trois. On voit que l'officier corse continuait à
falsifier les actes de son état civil. Chose bizarre !