Vergniaud : 1753-1793
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qui, la honte au front, pousse le premier un cri d'indignation. « Les Parisiens osent se dire libres! dit-il, ah! ils ne sont plus esclaves des tyrans couronnés, mais ils le sont des hommes les plus vils, des plus détestables scélérats. Il est temps de briser ces chaînes honteuses, d’écraser cette nouvelle tyrannie! Il est temps que ceux qui ont fait trembler les hommes de bien tremblent à leur tour. » Puis, comme il ne suffit pas de flétrir le passé, comme il faut tenir tête au nouvel orage qui s’amoncèle, répondre aux sourdes rumeurs et dévoiler les menaces, il ajoute fièrement : « Je n'ignore pas qu'ils ont des poignards à leurs ordres ; mais qu'importe la vie aux représentants du peuple quand il s’agit de son salut.…… Quand Guillaume Tell ajusta la flèche pour abattre la pomme fatale sur la tête de son fils, il dit Périssent mon nom et ma mémoire pourvu que la Suisse soit libre... Et nous aussi nous dirons : périsse l'Assemblée pourvu que la France soit libre? qu'elle périsse, si elle épargne une tache au nom Français; si sa vigueur apprend à l'Europe, que, malgré les calomnies, il y à ici quelque respect de l'humanité et quelque vertu publique ! Oui, périssons, et sur nos cendres, puissent nos successeurs, plus heureux, assurer le bonheur de la France et fonder la liberté ! »
Le peuple qui parlait ainsi, par la bouche de son plus éloquent orateur, méritait de ne pas périr. Trois jours après luisait-un rayon d'espérance. Nous étions victorieux à Valmy, et le lendemain, la Convention, réunie pour la première fois, prononçait l'abolition de la royauté, et proclamait la République.
En apprenant son élection, Vergniaud avait tristement écrit à son beau-frère : « Quant à ma nomina-