Vergniaud : 1753-1793
— 42 ‘ennemi de la violence, mais sans pitié pour ceux qui méconnaissent leurs devoirs envers la patrie.
Tels sont les sentiments auxquels il restera fidèle dans la nouvelle et lugubre étape que va parcourir la Révolution : le procès du roi, commencé le jour même de la victoire de Jemmapes. Depuis que Vergniaud est député, sa correspondance s’est ralentie; mais sa famille reçoit encore quelques lettres et dans l’une d'elles, écrite peu de jours avant le 10 août, il révèle ses convictions et ses tourments : « La Cour, dit-il, est un foyer d’intrigues continuelles.. La plus grande fermentation règne dans les têtes et nous ne savons trop où elle s'arrêtera... La conduite toujours équivoque du roi augmente nos dangers, et préparera peut-être, s’il ne se prononce pas d’une manière décidée, quelque grande catastrophe... Il a maintenant des efforts bien extraordinaires à faire pour précipiter dans l’oubli toutes les fausses démarches qui ont
“irrité contre lui parce qu'on les regarde comme autant de trahisons : et qui oserait affirmer qu'en effet nous ne sommes pas trahis! »
C'est à cette même époque que, sur la demande du peintre Boze, il consentit à rédiger, avec Gensonné et Guadet, une note destinée à passer sous les yeux de Louis XVI et contenant, pour tâcher d'éviter la grande catastrophe qu’il redoutait, des avis pleins de sagesse et de loyauté. « Les soupçons ou plutôt des accusations caractérisées, disait-il, s'élèvent contre le chef du pouvoir exécutif... Peut-être le roi at-il pensé qu’il y avait du courage à braver les soupçons, de la dignité à se renfermer dans un profond silence. Quand les accusations sont le cri du peuple, se taire n'est ni grand, ni magnanime ; c’est bien plutôt avouer