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tête, apprend tout de même aux villageois atterrés qu’ils doivent se priver de la plus grande partie de leur récolte pour la livrer au gouvernement. □
Joronanko JORONANKO: Angoisses paysannes est une oeuvre née à la suite de longues recherches sur le Koteba, forme de théâtre traditionnel en milieu bambara. Les caractéristiques du Koteba sont multiples et peuvent se résumer en deux points essentiels: 1) Instruire en divertissant 2) Respecter la réalité humaine et sociale dans el fait théâtral. Ces deux aspects font qu’avec le Kotéba la communication ou plus exactement la communion entre public et comédiens est plus aisée. Cette communion est davantage facilitée par l’usage de modes d’expression propres au milieu socio-culturel dont le
Koteba est issu; Chants, Danses, etc. Angoisses paysannes évoque les multiples inquiétudes des paysans à l’annonce de la visite prochaine du Commandant de Cercle. Pourquoi cette visite inopinée annoncée, à la Radiodiffusion nationale? Est-ce pour l’impôt? la scolarisation? la commercialisation des céréales? Le spectacle que propose le Groupe Dramatique du Théâtre National du Mali essaie d’illustrer à travers des personnages symboliques les tracasseries et les excès que subissent les paysans lors des tournées administratives. Ce faisant, la pièce tente d’expliquer aux paysans pour lesquels elle est conçue, la nécessité d’accomplir certains devoirs civiques tels le paiement des impôts, la scolarisation des enfants, la commercialisation des céréales etc. □
Pour une meilleure compréhension du spectacle On distinguera deux parties dans Angoisses paysannes: L’introduction et l’exécution. D’abord l’introduction: il s’agit d’une présentation de tous les personnages à l’occasion d’une procession devant le chef de village. Cette procession est précédée par l’intervention de deux présentateurs qui vont demander l’autorisation de se produire sur la place publique. Ensuite l’exécution: Après la procession des Kotèdens (comédiens), commence la pièce qui s’explique à travers le symbolisme des personnages principaux. Dougoutigui, Le chef de village. Personnage hypocrite partagé entre le
souci de plaire à ses villageois et celui d’obéir à l’administration afin de conserver sa place. Kari, ler conseiller du chef de village, toujours contestataire des idées de celui-ci. Poulo, Le Peulh berger du village, inquiet du nombre d’animaux qui vont être abattus pour la réception. N’Golo, Le cultivateur, pas du tout d’accord pour la commercialisation des céréales à ГОРАМ (Offices des produits Agricoles de l’Etat). Bantji, Porteur de hernie inguinale, qui s’oppose' à la scolarisation de son enfant. Nanljo, L’idiot du village, qui dit tout haut ce que les autres pensent tout bas. Ancien, Ancien combattant, considéré comme une tête brûlée qui se dérobe toujours à ses devoirs civiques en lançant de gros mots français. Présidente, Responsable politique des femmes du village. Bablé, L’itinérant du village, qui croit que ses nombreux voyages le placent intellectuellement au dessus des autres. Dagafara, Le lépreux, personnage hargneux et coléreux qui conteste tout.
Le Commandant, Administrateur civil, dont les comportements sont hérités de la colonisation. Gardi Foroko, Le garde, avec son gros ventre symbolisant les nombreux pourboires qu’il prélève auprès des paysans. □
ir théâtre Koteba du Mali Forme typiquement africaine de théâtre, pratiquée par les paysans du Mali. A l’origine, des troupes d’artistes se rendaient de village en village après les récoltes pour présenter aux populations des saynètes tirées de leur vie quotidienne. Le Koteba est un mot Bambara (langue Mandingue du Mali) formé de Kote (escargot) et du suffixe ba (grand), il tient au fait que le spectacle de Koteba commence toujours par un cérémonial au cours duquel les ac-
teurs se mettent en condition par une danse en spirale, qui, très lente au départ, devient de plus en plus rapide. Le Koteba est un spectacle complet, alliant le chant, l’expression corporelle et le mime. Il se veut divertissement mais aussi école de la vie, où chacun se reconnaît, où les défauts, les petits travers sont amplifiés, pour la plus grande joie du public qui est à la fois spectateur et acteur: on l’interroge et il peut émett des opinions. Les acteurs ne se sentent nullement coupés du public, qui à l’origine, formait cercle sur la place du village, ce qui se pratique encore dans les campagnes. Point de rideau, de rampe, acteurs et spectateurs sont en pleine symbiose, se stimulent et ne forment plus qu'un. Créé en 1970 sous l’appellation de Compagnie du Théâtre National par la première promotion de la section Art Dramatique de IT.N.A. auxquels devaient s’ajouter par la suite des comédiens amateurs issus des troupes régionales du pays ainsi que des sortants d’autres promotions de ce même Institut National des Arts. Le Groupe Dramatique fait partie d’un ensemble de formations subven-
données par l’Etat et régies par le Département chargé des Sports, des Arts et de la Culture et constituant l’actuel Théâtre National du Mali, qui regroupe: les Ballets Maliens, l’Ensemble Instrumental, le Badema National (orchestre moderne), le Groupe Dramatique, la Troupe de Marionnettes, Les Messagers du Mali (orchestre moderne). Il a pour mission fondamentale de contribuer à la promotion du jeune Théâtre Malien, notamment par la revalorisation des formes traditionnelles du théâtre populaire national et africain et par une adaptation judicieuse des tehcniques modernes en usage dans le monde du spectacle, aux formes d’expression dramatique de notre peuple. Après avoir travaillé au départ sur des pièces classiques d’auteurs dramatiques maliens et africains, voir même étrangers, le groupe dramatique s’est résolument engagé depuis 1979 dans la recherche d’un Théâtre authentique, concrétisé par le Kotéba. C’est ainsi que les Kotétton I et II sont nés (1979, 1980). Ces créations ont par l’engouement suscité au sein du public malien, ayant ainsi renoué
avec le spectacle, fait mériter au Groupe Dramatique l’appellation désormais populaire du Groupe Kotéba National. □
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