Catalogue des autographes et des documents historiques composant la collection de M. Étienne Charavay

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Le n° 11 est un récit du massacre du Champ-de-Mars, récit précieux, Momoro ayant été un des acteurs dans ce drame terrible.

Le n° 12 offre un tableau animé de la terreur qui suivit l'affaire du Champde-Mars. « Oui, s’écrie le rédacteur, je déclarerai la guerre à tous les tyrans, à tous les oppresseurs du peuple. La mort, présente à mes yeux, ne m'arrêtera point. C’est dans la crise où nous nous trouvons que nous reconnaiîtrons les bons patriotes.. Je ne demande pas qu’on verse du sang : je l'ai en horreur... Peuple imbécile, si tu ne voulais pas être libre, il fallait garder tes chaînes, il ne fallait pas renverser la Bastille. Que vont dire les quatre-vingt-deux départements en apprenant que tu abandonnes au fer des assassins et à la fureur des aristocrates les meilleurs amis de la liberté, les Danton, les Marat, les Desmoulins, les Momoro, les Fréron, les Legendre, les Rutledge, les Peyre, Robert, Verrière et tant d’autres que des listes de proscription privent de leur liberté. » ;

Le n°13 a pour épigraphe : « La source de tant de crimes, c’est l’inviolabilité d’un homme. » Il est consacré à la réfutation du rapport de Salles sur la fuite de Louis XVI, lequel conclut que le prince ne peut pas être jugé.

Dans les fragments du n° 15, Momoro annonce que le club des Cordeliers vient enfin de tenir une séance depuis la malheureuse affaire du Champ-deMars. Il engage ses amis à se montrer fermes, mais à rester dans la voie légale, en s'appuyant sur la déclaration des droits. « Les vexations qu'on vous fait éprouver sont autant de fleurons qu’on ajoute à votre couronne, et vos persécuteurs, démasqués, seront un jour fort heureux d'obtenir de vous leur pardon : vous leur montrerez alors autant de générosité qu’ils ont mis d’acharnement à vous déchirer... »

9o À tous mes conciloyens, pièce aut. de Momoro (22 juin 1791) ; 4 p. in-4.

L'auteur prend pour épigraphe : Union, fraternité, égulité, liberté. I] invite tous les patriotes à se réunir, au milieu du danger commun où les expose la fuite du roi. «... Pénétrons nos âmes de ces mots sacrés d'union, de fraternité, d'égalité et de liberté... Ne faisons plus qu'une même famille. Point de distinction de citoyens actifs ou inactif ; égalité parfaite. Lorsque la patrie est en danger, tous les citoyens ne volent-ils pas à sa défense ?.. Pour prouver que ce sentiment est dans nos âmes, qu’à l'instant le gage en soit donné, que nos mains se lient, comme nos cœurs, et qu'un baïser de paix et de fraternité, donné et reçu par chacun de nous, cimente cette union sacrée. »

100 Opinion relativement à la fuite de Louis XVI, se disant roi de France (juin 1791), 2 p. in-fol.

C'est un projet d'adresse à l'Assemblée nationale pour demander la déchéance du roi. Il est écrit de la main d’un membre du club des Cordeliers. « Pour réparation d'honneur de tous les crimes RU y est-il dit, qu'il soit déchu du trône et toute sa race. Comme inviolable, la nation ne peut pas attenter à sa vie. En conséquence, la nation lui fera une pension de 100,000 livres de rente pour lui et sa famille. On lui donnera pour résidence le château du Luxembourg... »

11 Procès-verbaux des séances du club des Cordeliers, des 13, 14, 15, 30 et 31 juillet, 2, 4 et 6 août 1791, pièces aut. d’un secrétaire du club et de MomMoRo, 2 p. in-4.

Ces procès-verbaux sont d’une grande importance pour l’histoire des faits qui ont précédé et suivi l'affaire du Champ-de-Mars. On y trouve des détails curieux sur les diverses pétitions adressées à l'Asemblée nationale par les Cordeliers pour demander la déchéance de Louis XVI. La séance du 15 juillet montre clairement les dispositions insurrectionnelles du club. Chaumette et Rutledge y prennent la parole. Legendre y fait un long discours. En voici quelques passages : « L'Assemblée nationale a besoin du silence. Au moyen de la clôture des Tuilleries, ils n’ont pas à craindre les cris du peuple : point de roi! J'ai été sondé sur l'opinion. Un député m'a dit : Que faites-vous dans ces groupes ?.. Je lui ai dit que j'avais été hier dimanche partout dans les sociétés pour connaître l'opinion publique, et, depuis le elub des Cordeliers jusqu'au port au Blé, l'opinion publique est montée à prendre des nerfs de bœuf et à vous chasser du Sénat comme notre Seigneur chassa les marchands du Temple. — Vous m'inquiétez. Nous ne sommes pas en nombre suffisant, Les comités ont leur opinion. Robespierre seul peut parler ; mais