Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

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et ne fut qu'un feu de paille éteint aussitôt qu'on s'aperçut combien elle jurait avec les habitudes russes, avec lesprit de la cour de Russie et avec les idées de la souveraine. Il est donc probable que les étrangers furent à peu près les seuls à y prendre part. Si quelques membres de la famille russe y participèrent, ils reconnurent vite que ce n'était pas «le bon mouvement. »

La prise de la Bastille vint done porter le trouble dans l'âme de Catherine. Khrapovitski nous fournit le document aussi curieux que singulier d'une conversation qu’elle tint à ce moment-là avec son secrétaire intime. « Le pourquoi (4), dit-elle, est le roi. Il est ivre chaque soir, etle mène qui veut : d’abord Breteuil, du parti de la reine ; puis Le prince de Condé et le comte d’Artois ; enfin La Fayette. On l’a persuadé de se rendre à l'Assemblée nationale. Tous les hommes notables, les princes du sang quittent la France. » Louis XVI sera accusé de bien des faiblesses de caractère, et Catherine aura la cruauté de faire peser sur lui les plus grandes responsabilités. Mais voilà un vice, l’ivrognerie, que nous ne lui connaissions pas, et dont ni révolutionnaires, ni émigrés ne l’aceusèrent jamais.

Quel agent avait pu si mal renseigner la Tsarine ? Ce n’est pas de Simoline, son ambassadeur à Paris. C'est encore moins Grimm. Serait-ce que, portée d’instinet à comparer la France à la Russie, elle ait été entraince par pure imagination à flétrir Louis XVI d'un des vices de Pierre III ? Quoi qu il en soit, voilà une bizarre ac-

(4) La cause de tout cela.