Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

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la coalition et d'envoyer ses troupes sur le Rhin ? Elle se le demande, et elle veut l’éviter, car il lui importe avant tout de tirer son épingle du jeu.C’est pourquoi elle tend la main aux Émigrés et prend fait et cause pour eux. De la sorte, le jour où l'Autriche et la Prusse réclameront son concours effectif, elle pourra leur répondre par un refus, refus motivé sur l'appui qu’elle prête déjà à l’action parallèle des Émigrés. Et encore se bornera-t-elle à être en quelque mesure le caissier des Princes, sans prendre part aux opérations militaires. Elle a vu dès le début qu'il était plus prudent, plus politique et plus économique d'aider ainsi la cause du roi. Aussi désire-t-elle voir les Princes faire une entrée triomphale en France, y être les maîtres, y écraser l’anarchie, et rendre à la royauté sa puissance déchue.Etelle en augure, avec un optimismerare, que ce sera ainsi qu’elle le souhaite,

Voilà comment doit être interprété eetéloquent appel aux puissances : « Nous ne devons pas abandonner comme victime à des barbares un roi vertueux. L’affaiblissement du pouvoir monarchique en France exposera au danger toutes les autres monarchies. Pourquoi les souverains d'Europe ne viendraient-ils. pas au secours du roi et de sa famille emprisonnés ? L’anarchie est le plus grand des maux, alors surtout qu’elle porte le masque de la liberté, ce mirage trompeur des peuples. L’Europe sera bientôt plongée dans la barbarie, si on ne se hâte pas de l’en préserver. Quant à moi, je suis prête à résister de toutes mes forces. Il est temps d'agir et de prendre les armes pour effrayer ces enragés ! Le respect