Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

L'« ÉGRILLARDE » EN FRANCE 105

répète que si les Russes avaient été de la coalition, ils eussent été à Paris sans coup férir. C'est Souvorof que Langeron eùt voulu voir à la tête des Russes, Souvorof dont il rapporte un mot pittoresque qui ne serait pas déplacé sous la plume de Catherine. Souvorof parlant un jour à Langeron de la Révolution française, lui dit : « Messieurs les Français, vous êtes tombés du Voltairianisme dans le Jean-Jacquisme, ensuite dans le Rainalisme, et de là dans le Mirabeaulisme, et c'est le pire de tout. » De l'avis de Langeron si Souvorof avait commandé les Prussiens en 1792 il se serait rendu maître de Paris. Catherine ne pensait pas autrement quand elle disait à Grimm : « Vingt mille Cosaques seraient beaucoup trop pour faire un tapis vert depuis Strasbourg jusqu'à Paris : deux mille Cosaques et 6,000 Croates suffiraient. » (1) Mais elle se gardait bien de répéter trop haut cette fanfaronnade, car, décidée à ne pas intervenir sur le Rhin, elle n’était pas disposée à fournir un argument contre elle. Elle aurait bien voulu donner des coups de bâton à ces coquins de Jacobins, mais elle préférait en laisser le soin aux autres.

Il n’y a pas à s'y méprendre, quand le 14 avril 1799 elle écrit à Grimm : « Dès que je pourrai, je ferai donner des coups de bâton à ces coquins, afin de leur apprendre à parler. A la fin du 18° siècle, c'est donc un mérite apparemment d’assassiner les gens, et puis on vient me dire que c’est Voltaire qui prêchait cela ; voilà comme on ose calomnier les gens ; je crois que Voltaire aimerait mieux de rester là où on l'avait enterré que

1) Lettre du 2 septembre 1791. 9 |