Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

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- de se trouver en compagnie de Mirabeau à Ste-Geneviève. Mais quand est-ce done qu'on mettra fin à toutes ces scélératesses ? »

Une nouvelle preuve, et irréfutable, que Catherine n’a pas la naïve intention d'aller frapper la Révolution à Paris, c’est l'aveu qu'elle en fait à Grimmle9 mai 1792: « Dites-moi, s'il vous plait, d'où vient que vous croyez que les affaires de la Pologne ne sauraient aller en même ligne et de front avec celles de France ? Apparemment vous ignorez que la Jacobinière de Varsovie est en correspondance régulière avec celle de Paris... Enfin, ces Jacobins cherchent à répandre partout la confusion des langues, car tous ces arrangements polonais vont avec leurs lois sur toute matière comme une selle à une vache, selon le proverbe russe. Et vous voulez que je plante là mes intérêts et ceux de mon alliée la République et mes amis républicains, pour ne m'occuper que de la Jacobinière de Paris ? Non, soufire-douleur, je la battrai et combattrai en Pologne, mais pour cela, je ne m'en occuperai pas moins des affaires de France, et j'aiderai à battre le ramas des sans-culotte, tout comme le feront les autres, »

Elle écrivait, d'ailleurs, à Roumiantsof : « Mon poste est pris et mon rôle assigné. Je me charge de veiller sur les Tures, les Polonais et la Suède. »

Ces aveux sont caractéristiques ; ils montrent, ainsi que celui qu’elle faisait à Khrapovitski, comment Catherine entend combattre la Révolution. Elle ne la combattra qu’en Pologne. (1)

(4) C'est le 30 avril 1792, en effet, que Catherine a donné l’ordre à ses troupes d’envahir la Pologne.