Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

116 CATHERINE II ET LA RÉVOLUTION

avions dans la tête d'agir, et l'Espagne lui promettait de l'argent, mais depuis sa mort, celle-ci ne donne point d'argent, et le régent suit mal les prescriptions du testament de son frère ; par conséquent, nous ne marcherons pas encore de sitôt, »

N’est-il pas permis, dès lors, d'affirmer que si Catherine songea un moment à prêter à la cause de la royauté le concours de ses armées, elle le fit sans enthousiasme et avec l’arrière-pensée de l’éviter ? J'ajoute que si elle eût agi de concert avec Gustave IL, elle l’eut fait pour ainsi dire contrainte et forcée et dans la plus faible mesure possible.

Comme on le voit, le récit de Langeron avait besoin d'être expliqué et rectifié. En réalité le « véritable attachement » que la Tsarine conçut pour Gustave IIL était douteux : et si elle fut vraiment affligée de l’assassinat du roi, c’est surtout parce que,prise d'effroi, elle crut y voir la main des Jacobins.

Il est donc permis d'affirmer que loin d’être contrarice de ne pouvoir exécuter son plan de descente en Normandie, elle en fut vivement satisfaite. II lui fut ainsi possible de mieux préparer le second partage de la Pologne qui sera signé le lendemain même de la mort de Louis XVI.

Cest son intervention en Pologne, en effet, qui, en 1793, jettera la méfiance entre la Prusse et l'Autriche, qui paralysera leurs mouvements, et qui permettra à la France de rassembler ses forces et de faire face à l’ennemi. Aussi, M. Albert Sorel a-t-il complètement raison