Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

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mann. Grimm fait valoir Icur désintéressement rare, mais il agrand soin de faire remarquer que Bouillé aété affreusement réduit par l'Assemblée nationale etqu'il ne touche plus que la somme dérisoire de 40,000 livres de France. Outre leurs appointements de commandant en chef et de lieutenant-général, outre leurs frais de voyage, ils réclament une gratification honnête, afin de faire honneur à leurs affaires et de payer leurs dettes. Bouillé se contenterait de 450,000 livres et Heymann de 80,000. Bouillé compte amener son fils et une suite d’un certain nombre d'officiers. À tous, il serait fait une position sortable, et quand l’âge de la retraite aurait sonné il leur serait accordé des bénéfices en rapport avec leurs grades. Si Catherine souscrit à ces conditions, Bouillé et Heymann, — convaineus qu’il n'y a plus rien à faire en France pour la cause du roi, (n'est-ce pas un peu tôt, car nous ne sommes qu'aux premiers mois de 1791?) partiront immédiatement et « arriveront à tire d'ailes au séjour où la gloire les attend. »

Et Grimm fait ressortir les avantages que Catherine trouvera à se servir de pareils officiers. Il est même urgent que Catherine prenne une décision. car Bouillé a rejeté les offres de l'Angleterre, : mais il hésite à accepter celles que lui a faites l'Espagne.

Comment Catherine eüt-elle pu résister à des propositions aussi séduisantes ? C'est Heymann qui avait dit à Grimm : « Donnez-moi un corps de 6,009 Russes, et si je ne vous remets pas l’ordre partout en un clin d'œil, vous me ferez mettre à la lanterne. » Quant à Bouillé, il a dit que la Russie seule a une tête souveraine, et que