Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

L'« ÉGRILLARDE » EN FRANCE 141

Elle en donna l’ordre à Ryléef, grand maitre de la police de Pétersbourg. Gelui-ci ne comprit pas ce que l'Impératrice ordonnait ; mais comme un bon Russe subalterne ne doit jamais demander d'explication à son supérieur, et toujours répondre : J’ai entendu, quand même il ne saurait pas ce qu’on lui a dit, Ryléef répond : Jui entendu, et sort pour chercher ce Tom. Il y avait à Pétersbourg un négociant anglais de ce nom; il ya chez lui et lui annonce que l'Impératrice avait ordonné qu’on l'écorchât et qu’on l’empaillât. Il était très persuadé qu’il fallait le faire tout de suite, et que M.Tom devait être enchanté de cette faveur. Celui-ci, qui n’avait pas les mêmes idées de subordination, ne se souciait pas que sa peau fut placée à l'Ermitage, et comme il avait plus de bon sens que Ryléef, il comprit tout de suite que celui-ci donnait en cela une nouvelle preuve de sa sagacité ordinaire. Il eut l’air dese soumettre à la fantaisie de l'Impératrice, et demanda seulement deux jours de répit. pour mettre ordre à ses affaires avant sa métamorphose. Ryléef les accorda avee peine ; il voulait commencer à l'instant l'opération que la souveraine avait ordonnée. Tom prévint Zoubof de cette plaisante méprise: ilenriteten amusa l'Impératrice, qui ordonna à Ryléef de laisser la peau de M. Tom sur son corps ; mais elle ne le chassa pas, et cette indulgence (que je ne sais comment qualifier), était tout aussi extraordinaire que la sottise dece maitre de police. » (4)

(1) Mémoires de Langeron. Tome XX. Archives des Affaires étrangères.

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