Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

L'« ÉGRILLARDE » EN FRANCE 149

tions de Catherine vis-à-vis des Princes et de la coalition. Quand le comte d'Artois quitta Pétersbourg, elle lui remit une somme considérable pour ses dépenses et celles de son frère. Elle eut même la délicatesse de lui donner les bijoux et les sommes qu'il était dans l'obligation, suivant l'usage, de remettre aux personnes de la cour attachées à son service; mais fidèle à son programme de non-intervention, elle ne poussa pas plus loin la générosité. Le 28 juin 1793, elle s’indigne contre l’esprit pratique des Anglais qui n’ont pas voulu recevoir le comte d'Artois à cause de ses dettes, et contre ce « salmigondis de politique et de vues contradictoires » des Émigrés dont on connaît les misérables résultats ; mais le même jour, de ce mot qui la peint en entier, elle rassure Grimm sur ses projets: « Si je dois être de la partie, ce ne sera pas dans le chemin des sot tises que je m’embarquerai. »

En 1794, le 10 février, elle écrira bien à Grimm qu'au printemps précédent elle a proposé de faire passer des troupes en Vendée au secours des royalistes. La vérité est qu’elle avait mis quelques millions à la disposition du comte d'Artois. Celui-ci lui avait-il arraché une promesse d'un concours plus effectif? Elle n'a fait du moins cette promesse que du bout des lèvres, avec la ferme intention de l’éluder,comme celle qu'ellea faite deux ans auparavant à Gustave Ill, et avec l'espoir que l'attitude de l'Angleterre et des Tures lui permettra de s’y soustraire. Et en effet, quand le moment de s’exécuter arrivera, elle fera valoir que l'Europe poussant les Turcs à lui déclarer la guerre, elle doit être sur ses gardes, el

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