Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

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merveilleuse lucidité qu’elle démêle sur l’échiquier européen les intérêts de son Empire. Aussi est-ce plus encore contre la Prusse et contre l'Autriche que contre « l'Egrillarde » que se déchaine désormais sa verve humoristique eteritique. Son courroux contre la Prusse et contre l'Autriche est tel que dès 179%, à un moment où il n’est encore question que de restreindre le champ des opérations militaires, sa plume se livre aux excentricités les plus saugrenues. « Pour moi, je propose à toutes les puissances protestantes d’embrasser la religion grecque, pour se préserver de la peste irréligieuse, immorale, anarchique, scélératique et diabolique, ennemie de Dieu et des trônes: c’est la seule apostolique et véritablement chrétienne. Cest un chêne à racines profondes. La eour de Vienne, si elle se réduisait à défendre ses frontières, serait bientôt aux abois. Celui qui ne gagne rien, perd, et celui qui perd, ne gagne pas du tout. » (1)

Examinons d'abord ce que Catherine ditde «l'anarchie Gauloise, » de 1793 à 1796, et ce que la Russie pense de nous pendant la période révolutionnaire. Nous aurons ainsi un tableäu assez complet de la pensée de la Tsarine et de l'état d’âme de son Empire au moment et au lendemain de la mort de Louis XVI.

Nous verrons ensuite comment l’Impératrice jugea l'attitude de la Prusse etde l’Autriche vis-à-vis dela Révolution triomphante.

(4) Lettre à Grimm du 6 juillet 1794.