Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

L'« ÉGRILLARDE » EN FRANCE 175

justice des ennemis de sa cause; ou bien aussi nous dirons que le petit grand homme fait et fait faire des pauvretés impardonnables, et que lui et son neveu n'ont mi foi ni loi ni entrailles. » Enfin, le 11 juin, elle dira : «Il y a des gens qui prétendent que c’est le prince Henri de Prusse que les régicides prétendent donner pour régent à Louis XVII quand ils le rétabliront. Si cela est, je parie que sous six mois 5. A.R. sera guillotinée. » (4) La fantaisie se mêle à l'indignation, Mais le solitaire de Rheinsberg, principal coupable, n'est pas le seul sur lequel elle s’acharne. Le prince Henri, à ce qu’elle affirme, « la met en rang d'oignon avec Robespierre : » elle lui rend la pareille, en le mettant de pair «avec Philippe-Egalité d'infàème mémoire. » Et elle ne s'en tient pas là. Le roi de Prusse et ses ministresne sont pas ménagés.DeFrédéric-Guillaume, ellerapporte l’opinion que lui en avait ditele prince Henrilui-même : « L'oncle jacobin de Rheinsberg m'a diten 1770 du neveu jacobin que c’étaitun sot, et en cela au moins faut-il convenir qu’il ne s’est pas trompé. » Un autre jour, elle dira que ce cher neveu « ne voit guère plus loin que son nez. » Onsent cependant la différence qu'elle fait entre le roi de Prusseet son oncle-deRheinsberg : le premier n’est qu’un sot ; du second qu’elle sait ne pas être un sot, elle n’est paséloignée de penser et de dire qu'il est un fripon. Quant au marquis Luechesini (2), voici commentelle le traite : « C'est un Italien ;

(4) Lettre à-Grimm. (2) Lucchesini, ambassadeur de Prusse à Varsovie, devenu un des hommes de confiance de Frédéric-Guillaume, poussa