Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

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ceux-là commeles Grees savent dégager leurtète d’entre la hache et le billot. »

Et tout cela, parce que la Prusse s’est refusée à continuer contre la France une guerre désastreuse, et s’est retirée d’une coalition où la Tsarine ne figurait que nominalement. Tout cela, parce que entre une guerre de principes et une guerre de profits, la Prusse a opté pour la seconde. Un mois avant sa mort, en octobre 1796, Catherine ne lui a pas pardonné sa conduite. Informée des armements du roi de Prusse, elle se demande si c’est la Russie qu'ils visent, et elle s'in= digne de ce qu'il n'a pas voulu entrer dans le chemin « de l'honneur et de la gloire » qu’elle lui a indiqué.

Il ne faut pas être surpris que Catherine surveille si attentivement les menées de Frédéric-Guillaume. La Russie voit déjà dans la Prusse l’ennemie de l'avenir ; aussi la Tsarine s'occupe-t-elle bien plus de Berlin que de Paris.

Il en sera pour l'Autriche comme pour la Prusse,avec cette différence que Catherine s’en prend peu à l’'Empereur François Il. Cest son ministre Thugut qu'elle frappe de son courroux. Thugut apporte dans les affaires un coup d'œil et une prévoyance qui inquiètent l’Impératrice ; quand Catherine apprend que l'Autriche est disposée à interrompre les hostilités et s'oppose à ce que Louis XVIII aille retrouver l'armée du prince de Condé, elles’écrie : « Outre que la cour de Vienne grogne

le roi à négliger les affaires de France, à traiter avec elle et à exiger des dédommagements en Pologne. C’est cette politique qui eut le dessus à Berlin, et on conçoit que Catherine ne füt pas animée de sentiments biensympathiques pour un tel conseiller.